« Serai-je sur la terre quand la justice et l'égalité régneront parmi les hommes ? » extrait de De l'humanité, de son principe et de son avenir de Pierre Leroux
Mercredi matin & 10H11 & Wayne Entreprises.
J'étais dans les bureaux de Wayne Entreprise. Correctement installée, mes pieds sur le bureau de Bruce, je feuilletais les dossiers en cours. L'homme d'affaire multimillionnaire ne pointera pas son joli minois aujourd'hui. Il avait un rendez-vous important concernant le réaménagement de son manoir. Celui-ci avait disparu mystérieusement dans les danses des flammes.
J'avais du respect pour mon patron, car ma curiosité avait des limites puisque j'aurais pu fouiner son bureau pour chercher des choses croustillantes à son égard. Quelque chose que personne ne savait, quelque chose autre que les gros titres des journaux le concernant. En parlant de gros titre, hier soir, Batman a fait son apparition suivant les bruits de couloirs. Bien trop jeune pour veiller tard, je n'avais pas eu l'occasion de voir l'indice lumineux dans le ciel.
Il paraît qu'il a arrêté quelques poissons de la drogue de Gotham. J'ai prié secrètement pour ne pas voir mon frère dans les gros titres. J'admirais certes Batman, mais il était hors de question d'avoir une nouvelle fois une autre confrontation. De plus, je ne savais absolument rien de cette mystérieuse soirée avec Steven et Marie et je comptais le découvrir. Perdue dans mes pensées, je m'imaginais la scène suivante : une petite soirée de confessions intime avec le héros. Une chose qui ne se fera jamais, il faudrait déjà qu'il me porte une attention. Devrais-je traîner dans les rues pour effleurer le danger ? Devrais-je sauter d'un toit pour être récupérer avec un mouvement de cape ? Je levais les yeux au ciel à mes dernières pensées.
Au bureau, les femmes laissaient leurs cotés puérils prendre le dessus en parlant de ce personnage. Cela avait le don de m'agacer, c'était moi l'adolescente, pas elles. Les rôles étaient surement inversés, c'est vrai quelle idiote j'étais. En même temps, avec leurs richesses, elles n'avaient rien d'autre à penser, les pauvres. Devrais-je verser une larme ? Surement pas. Elles avaient tout. Je ne supportais pas les regards snobinards de mes collègues, mais comme une gentille fille, je leur adressais pour la plus part un sourire hypocrite. C'était déstabilisant de travailler dans un milieu huppé pour rentrer le soir dans un quartier où la misère était le principale moteur. Le monde d'adulte n'était pas ma crainte, j'arrivais subtilement à me faufiler dans leurs conversations.
J'étais âgée de 16 ans et j'étais la secrétaire stagiaire de Bruce Wayne voyez-vous ? Quand les costumes cravates me portaient de l'attention c'était simplement pour attiser Bruce par un intermédiaire. Oui, j'avais une certaine popularité, et surement jalousée d'ailleurs. C'était futile pour moi, je ne me gênais pas de leur répondre gentiment de voir cela avec monsieur Wayne. J'adorais soufflée ses quelques mots, car leurs visages devenaient crispés et sans aucunes expressions. Je voulais bien être gentille, mais les hypocrites n'avaient pas la place dans ma jeunesse.
Mercredi soir & 19H27 & Quartier pauvre.
Assis dans le bus, la tête posée sur la fenêtre, je redevenais l'adolescente et non la secrétaire. Avec ces deux facettes, ma vie était loin d'être monotone et heureusement. Mais mon moral s'effritait peu à peu au chemin du retour à la maison. Rentrer chez moi ? Remontez la rue, prendre le repas pour mes parents, faire un sourire rassurant à ma famille pour ensuite m'enfermer dans ma chambre. Ma vie n'était pas monotone, mais mes soirées me paraissait longues, je me devais de trouver une occupation. Croisant brièvement les regards, je me tenais spectatrice à mon grand désarroi. Evitant les regards tristes et insistant pour d'autres, mes yeux se perdirent dans les nuances du jour et de la nuit. Un lourd silence pesant s'installait dans le bus. Ce mélange ne me rassurait guère, j'avais l'impression qui allait se passer quelque chose. Tout d'un coup, le bus freinait brusquement, instinctivement je mettais mes bras sur le siège de mon voisin pour protéger mon visage. Je fronçais les sourcils et restais assise pendant que les passagers se collèrent aux vitres. Que se passait-il ?
Aider les autres était devenue une vocation pour moi. Le bruit métallique de la cuillère frappant sur l'énorme casserole remplis de soupe aux légumes m'irritait mais je savais que la bonne cause n'avait pas de prix. Mes narines ne pouvaient pas s'empêcher de respirer le parfum enivrant de ce délicieux souper que je partageais avec les sans-abris du centre. J'avais passé l'apres-midi bénévolement pour servir le flot constant de l'établissement. Il y avait tant de misère, chaque contact me réchauffait le coeur tandis que j'adressais des sourires bienveillant à ces personnes en détresse. Pourquoi vivre dans le confort sans aider ses semblables ? Je ne pouvais pas concevoir de rester les bras croisés tandis que d'autre se battaient pour vivre.
Ma journée finie, je saluais les autres bénévoles avant de prendre mon manteau rouge pour m'engouffrer dans les rues de la ville. Je me pressais, habillé comme tout civils de la rue. J'avais laissé mes robes et mes talons dans mon placard, je ne voulais pas donner cette image quand je venais au secourt des habitants de la ville. Ma voiture étant en panne, je m'approchais de l'arrêt de bus pour rentrer chez moi. J'allais retrouver ma solitude et mon petit confort, chose qui ne me réjouissait pas plus que cela. Voyant le bus s'approchait, je lançais un billet au clochard qui était adossé au mur en lui conseillant de dormir à l'hôtel. Je le connaissais très bien. A vrai dire, j'étais incollable sur les identités des sans-abris. Je leur donnais la plus part de mon temps.
Je m'engouffrais dans le moyen de locomotion écologique en passant mon tiquer comme les autres passagers pour prendre place à l'avant. Mon sac sur les genoux, j'observais les rues défiler sous mes yeux qui commençaient à fatiguer. Se fermant petit à petit, j'allais m'endormir quand le bus marquait un arrêt d'urgence. J'avais pris un coup sur le front, ma tête cognant avec la vitre de protection. Instinctivement, je me levais pour faire face aux passagers pour savoir si quelqu'un avait besoin d'aide quand je reconnaissais instinctivement la crinière blonde de Laurianna. Les passagers regardaient l'extérieur tandis que je rejoignais les sièges qui se trouvaient devant l'adolescente pour m'y mettre à genou et me poster face à elle. Une migraine venait tambouriner dans mon crane mais je voulais m'assurer que tout allait bien. Je lui adressais un sourire avant de lui prendre la main, j'étais très angoissée. « Cava ? Tu n'as rien ? Pourquoi faut-il toujours que tu sois là où il ne faut pas. » L'instinct maternel, c'est ce que Laurianna déclenchait habituellement chez moi. Malgré le dégout que je ressentais pour son frère, je m'étais promis de veiller sur elle. La pauvre petite n'avait rien demandé, encore moins d'heriter un frère aussi idiot.
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