Entrée à l'école publique, mes parents ne jugeaient pas utile de payer un établissement privé, éveillée et en constante demande d'apprentissage, j'étais au summum de mes capacités. Je savais déjà écrire et lire grâce à des pré-cours que ma mère prenait plaisir à faire. J'avais des facilitées et me fit vite des amies. Dès mon plus jeune âge, je voulais partager et la sociabilité n'était pas un soucis pour moi. Je fus néanmoins rejetée par mes copines après une histoire de friandises. En effet, tout le monde n'avait pas la chance d'être gâté par ses parents. Les poches pleines de bonbons, je distribuais des sucreries tandis que mes amies m'envoyaient des mots plutôt dures par jalousie. Blessée, je donnais mes réserves avant de partir sangloter dans les toilettes. Ce n'était pas juste d'être exclu car j'avais la chance d'avoir quelque avantage. L'innocence des enfants effaçaient vite cette petite peine et je me fit discrète pour garder mes copines d'écoles. Première de classe, j'avais tout pour moi. Les garçons m'amenaient souvent des tablettes de chocolat, une attention que je refusais avec politesse pour ne pas attiser la jalousie de mes amies. Le collège ne fut qu'une répétition amère. Appelée « Miss Parfaite » par ma meilleure amie, j'avais déjà le capitaine d'équipe de football américain pour petit ami. Blond, musclé, populaire, c'était un très bon parti. Bien plus âgé que moi, beaucoup m'enviaient. Je me concentrais sur ma copine d'enfance, lui trouver un copain pour calmer cette jalousie qui nous détruisait petit a petit était devenu une mission. La belle brune qui partageait tout avec moi avait déjà souffert en amour et l'agacement se faisait sentir. Je me retrouvais seule, ma meilleure amie m'avait abandonné peu de temps après. Je prenais sur moi, profitant de mon copain et de mes notes excellentes. A la fin de l'année, les chemins du footballeur et de la belle blonde se séparaient par une décision de cette dernière. Je fis ma fin de scolarité de façon très spéciale. En effet, mon père posait un congé de trois ans pour faire le tour du monde avec sa famille. Tokio, Paris, Londre, Chicago, ma richesse culturelle était vaste. La famille Jones était plus soudée que jamais, fêtant l'obtention de mon premier diplôme sur une île paradisiaque réservée aux personnes aisées. Après cela, tous le monde rentrait à la maison tandis que je commençais mes études de styliste à domicile. J'avais été déçue en amitié et ne voulais plus subir la mise à l'écart par pure jalousie.

La suite de ma vie tournait essentiellement autour de ma marque de vêtement, ma cousine et son idiot d'ex-copain. Alors que je faisais encore des études pour entrer dans le monde de la mode, Marie présentait son nouvel amour à toute la famille. Je m'étais toujours bien entendue avec elle et j'y tenais beaucoup. Le jeune homme n'était pas de notre univers mais cela ne me gênait pas contrairement à notre famille bourgeoise. Marie l'aimait, c'était le plus important. Forcée par son père, la jeune Summers décidait de couper les ponts avec notre clan tandis que j'essayais d'être présente pour elle. Première erreur, parler avec Steven. Lors d'un petit discourt sur le fait que la richesse n'était pas un critère pour séparer des personnes, ce dernier m'avait manqué de respect. Schéma habituel. Je ne supportais pas cet homme mais je fermais les yeux pour rester proche de ma cousine. Entre-temps, j'avais créé trois collections de vêtements pour hommes qui venaient à se vendre avec facilité malgré les prix élevés engendrés par les produits de qualités. Les années qui suivaient été consacrés à mon épanouissement professionnel. J'ouvrais un magasin de luxe en plein centre de la ville. J'étais invité aux fêtes mondaines, à des plateaux télés et des défilés à Londre mais je gardais toute ma simplicité en veillant sur ma cousine. D'ailleurs, sa récente rupture avec cet idiot de Steven était un vrai drame. J'essayais tant bien que mal de la relancer dans la famille même si je vivais à présent dans un appartement à part. Je m'occupais d'elle comme une soeur. J'allais aussi faire un sermon à son ex-copain quand il m'envoyait une vérité que j'avais bien trop entendu. Comment aider les autres quand nous n'avons vécu aucun malheurs. Décidément, personne ne connaissait l'empathie. Ma vie était parfaite, je ne m'étais jamais plains. Je voulais partager ce bonheur et aider mon prochain. J'y consacrais toute mon énergie hors de la boutique. Rentrant avec l'estomac serré, je passais une nuit de méditation. Steven m'avait touché, je me demandais si j'étais faite pour être snoob et insensible ou gentille et compatissante. Le lendemain, je faisais du bénévolat pour les sans abris. J'avais pris ma décision, je me devais de faire le bonheur autour de moi. Cela devenait une obsession qui envahissait ma vie privée. Refuge d'animaux, SDF, criminels et civils, je tenais à aider les bons comme les mauvais car pour moi, chaque personne a un certain potentiel de bienveillance. Je veux que cette ville soit plus tranquille et que les mentalités évoluent, faire ma place dans ce monde où la misère touche chaque individu qui m'entoure.